samedi 12 janvier 2008
dvd du mois (suite)
Ed Wood (film).
Ed Wood est un film de Tim Burton sorti en 1994. Il s'agit de la biographie du réalisateur Ed Wood Jr, considéré comme « le plus mauvais réalisateur de tous les temps ». Il s'agit sans doute du film le plus personnel de Tim Burton et, selon ses dires, il s'agit aussi de son plus grand succès. Bien que le film soit excellent, ce fut un échec commercial. Il s'agit aussi du deuxième film résultant du duo Depp-Burton, duo qui donnera aussi Edward aux mains d'argent, Sleepy Hollow, Charlie et la chocolaterie, Les Noces funèbres et Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street.
Ed Wood, réalisateur : biographie :
Dès sa prime enfance, Edward D. Wood Jr. subit les affres de la fantaisie maternelle : celle-ci l'habillera en fillette jusqu'à ce qu'il atteigne un âge suffisant pour émettre des remarques. À l'âge de 4 ans, le jeune Wood déambule en robe dans le voisinage, s'intéressant de très près aux histoires, aux images, à la vie des autres. Très tôt il commencera à faire des photos, à rêver de westerns. En écrivant ses premiers scénarios, il recrute les gamins du voisinage pour jouer de petites scènes. Le reste de son temps, il le passe dans les cinémas de quartier.
Après le bombardement de Pearl Harbor, Wood décide d'intégrer les Marines. Il partira au front, y sera blessé, et récoltera une moisson de médailles. Mais toute sa fierté de son épisode de combattant viendra d'un autre détail : il portait, sous l'uniforme réglementaire, des sous-vêtements féminins de coton rose, un brin moins académiques.
De retour aux États-Unis, en 1946, Wood a eu le temps de formaliser ses aspirations : il déménage en Californie et commence à proposer ses services aux principaux producteurs. Il accumule échec sur échec, mais persévère et finit par obtenir la direction d'un projet tiré du livre de Christine Jorgensen sur la transsexualité, Glen or Glenda. Ce film propose indirectement une plongée dans la psyché même de Wood, en particulier sur son goût du travestissement, raffinement totalement inimaginable à la fin des années 1940. Cette tendance expliquera l'échec du mariage éclair de Wood avec Norma McCarty (qui dura 5 mois). D'un point de vue strictement artistique, Glen or Glenda démontre aussi l'incompris talent de Wood, avec notamment le personnage de Bela Lugosi (que Wood idolâtrait et avait réussi à convaincre de reprendre sa carrière), jouant un narrateur blafard, psalmodiant des menaces d'une poésie hors-pair.
Suivit La Fiancée du monstre (Bride of the Monster) (1955) qui, accumulant les maladresses scénaristiques et techniques (avec notamment l'utilisation de déplorables images d'archives n'ayant peu ou rien du tout à voir avec le film), fut tout de même le seul film de Wood à rapporter de l'argent.
En 1955, Wood rencontre Kathy, qui deviendra sa femme et l'accompagnera jusqu'à sa mort, acceptant son goût du travestissement (et de retrouver ses pulls angoras copieusement élargis).
C'est avec Plan 9 from Outer Space (1959) que viendra la reconnaissance par le public de la tragique absence de talent de Wood : réunissant autour de lui le petit groupe de parias de l'audiovisuel qu'il avait réussi à fédérer (n'oublions pas que Wood, malgré ses objectives lacunes, était un homme charismatique et passionné, capable de convaincre et de plaire) : Tor Johnson, ancienne star du monde de la lutte, Vampira, ancienne speakerine, et Bela Lugosi, malgré sa mort quelques jours avant le début du tournage, auquel Wood fit un vibrant hommage en incluant en incipit de son film quelques secondes du vieil homme qu'il avait filmé en train de cueillir une fleur. Wood y vit une bouleversante poésie, mais ne put se résoudre à renoncer à ce personnage pour tenir le rôle principal : il engagea le chiropracteur de sa femme, Tom Mason, (dont la ressemblance avec Lugosi ne sembla frapper qu'Ed Wood) qui dut jouer le film le visage toujours à moitié caché par sa cape, afin de ne pas (trop) faire remarquer le changement d'acteur.
Ses films suivants suivirent des trajectoires tout aussi chaotiques, ne sortant souvent dans les salles que des années après leur réalisation, faute de moyens.
Ed Wood vécut pour le cinéma et faire des films, pas pour les vendre. L'accumulation des échecs commerciaux de ses œuvres le plongea progressivement dans la mélancolie et l'alcool, et il mourut à 53 ans des complications de son alcoolisme.
L'histoire de ce réalisateur passionné et dévoué à son idée de l'art par-delà toute logique, ressurgit quelques années plus tard, lorsqu'il fut élu plus mauvais réalisateur de l'histoire au début des années 1980. Suivit en 1994 le film Ed Wood de Tim Burton, honneur singulier et sincère à ce personnage trop intègre et inspiré pour être risible.
Des navets, des films bien plus mauvais que ceux d'Ed Wood, le cinéma en regorge. Mais alors qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui seul le nom d'Ed Wood demeure dans nos esprits ? Ce sont sûrement son incroyable liberté de ton et sa touchante naïveté. Bien qu'ils ne respectent pas certaines règles auxquelles le cinéma classique nous a habitué, les films d'Ed Wood sont incroyablement sincères et c'est cette qualité qui fait que ses films demeurent intéressants aujourd'hui .
Filmographie
Réalisateur
1948 : The Streets of Laredo (ou Crossroads of Laredo)
1951 : The Sun was Setting
1953 : Trick Shooting with Kenne Duncan
1953 : Glen or Glenda?
1953 : Crossroad Avenger : The Adventures of the Tucson Kid
1953 : Boots
1954 : Jail Bait
1955 : La Fiancée du monstre (Bride of the Monster)
1957 : The Night the Banshee Cried
1957 : Final Curtain
1958 : Plan 9 from Outer Space
1959 : The Revenge of the Dead (ou Night of the ghouls)
1960 : The Violent Years
1961 : The Sinister Urge
1965 : Orgy Of The Dead
1970 : Excited (sous le nom d'Akdov Telmig)
1970 : Take It Out Trade
1971 : Necromania
1993 : Hellborn (apparemment un film "à sketches" reprenant du matériel tourné par Wood)
1995 : Take It Out In Trade: The Outtakes (collage de matériel pour film érotique tourné par Ed Wood)
1995 : Crossroads of Laredo (western tourné avant la mort de Wood, monté par des admirateurs - dont son épouse)
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